Edito novembre 2024

Nous ne les laisserons pas faire !

Le 13 octobre, en réaction à l’annonce du plan d’austérité Barnier de 60 milliards d’euros dont 40 milliards de réduction des dépenses publiques, véritable budget de guerre sociale contre l’ensemble des travailleurs programmant des suppressions de postes de fonctionnaires d’une ampleur sans précédent, dont 4 000 pour la seule Éducation nationale, l’ensemble des organisations syndicales représentatives des personnels, dont FO, considérant qu’ « une ligne rouge (a été) franchie », déposaient auprès de la ministre Anne Genetet une alerte sociale « préalable au dépôt d’un préavis de grève nationale unitaire, à compter du lundi 4 novembre 2024 jusqu’au lundi 31 mars 2025 inclus ».
Reçues à deux reprises, le 16 puis le 21 octobre, les organisations ont présenté leurs revendications : abrogation de la réforme des retraites ; annulation des 4 000 suppressions de postes et création des postes nécessaires ; abandon du « choc des savoirs » et du Pacte ; revalorisation des salaires sans contrepartie ; un statut pour les AESH…
En guise de réponse, la ministre a renvoyé les syndicats à un « agenda social » ignorant les revendications, puis elle annonçait à la Commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport du Sénat, le 22 octobre, qu’elle « (présenterait) dans les prochains jours l’acte 2 du « choc des savoirs » » dans l’objectif d’ « étendre aux classes de 4ème et 3ème la dynamique engagée en 6ème et 5ème (…) ».
Il n’est, dit-on, de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Dans le même temps, le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, dévoilait au Figaro le 30 octobre sa volonté de faire « passer le nombre de jours de carence des fonctionnaires (en arrêt maladie) d’un à trois, comme dans le privé », mais aussi de réduire de 100 à 90 % le traitement indiciaire perçu pendant les arrêts maladie ordinaires, afin de « responsabiliser les agents », le tout sur fond de gel du point d’indice, de suppression de la GIPA (garantie individuelle du pouvoir d’achat), et de relance du projet Guérini de destruction des statuts… Parce que, n’est-ce pas, tout le monde sait que ces hospitaliers, ces profs etc., ils font rien qu’à jeter l’argent public par les fenêtres et à tirer au flanc ma brave dame !
Au diapason de ses collègues, le ministre de l’économie, Laurent Saint-Martin, se disait pour sa part favorable, le 29 octobre, à la proposition d’un rapport du Sénat de créer une deuxième « journée de solidarité » pouvant « rapporter » 2,4 milliards d’euros…
« Jusqu’à quand abuseras-tu de notre patience ? » demandait, au 1er siècle avant notre ère, Cicéron à Catilina qui complotait pour gouverner la République romaine. Face à tant de mépris et de provocations, on peut en dire autant aujourd’hui à tous ces ministres ultra-minoritaires, à ce gouvernement de perdants qui ne tient qu’à un fil et qui prétend imposer aux salariés son programme de casse sociale et de marche à la guerre…
Mais surtout, nous n’allons pas les laisser faire !
C’est ce qu’ont discuté et décidé les secrétaires départementaux et académiques du SNFOLC réunis en Conseil syndical national au siège de la Confédération, à Paris, les 16 et 17 octobre, appelant au terme de leurs travaux « les militants et adhérents FO à poursuivre avec les syndicats départementaux la construction du rapport de force en organisant la réunion des personnels par tous les moyens, en réactivant les réseaux inter-établissements, avec les parents, (…) en recherchant l’unité syndicale à tous les niveaux, pour faire aboutir les revendications », puis mandatant le secrétariat national pour « transmettre régulièrement aux syndicats l’état de la campagne de réunions et de prises de position pour le retrait des contre-réformes, pour la satisfaction des revendications, pour la construction de la grève jusqu’au retrait ».
Non, nous ne les laisserons pas faire !
C’est également ce qu’ont dit les plus de 2 000 militants et adhérents FO venus de toute la France le 26 octobre, à Paris, participer au meeting appelé par la Confédération pour réaffirmer l’exigence d’abrogation de la réforme Macron – Borne des retraites. Plus de 2 000 délégués combatifs qui ont clairement exprimé leur détermination à en découdre pour la satisfaction des revendications : « On est là, on est là, même si Macron le veut pas, nous on est là ! Ni amendable, ni négociable ! Abrogation de la réforme des retraites ! la Sécu, elle est à nous ! On s’est battus pour la gagner, on se battra pour la garder ! ».
En conclusion de leur déclaration commune à la ministre Genetet, le 21 octobre, les Fédérations de l’enseignement prévenaient qu’ « en l’absence de réponse, notamment à notre alerte sociale unitaire déposée le 13 octobre et au préavis de grève qui y est associé, nous organiserons rapidement avec les personnels les mobilisations nécessaires ».
C’est un fait : le refus d’entendre les revendications, le passage en force de la ministre, le plan d’austérité du gouvernement nous placent en position de légitime défense, et ne nous laissent pas d’autre choix que de préparer la grève pour la satisfaction des revendications, la grève pour gagner ! La FNEC FP-FO s’est adressée aux autres fédérations pour leur proposer d’organiser la mobilisation nécessaire dans ce sens.

François Pozzo Di Borgo

secrétaire générale

du SNFOLC