Edito juin 2023

Prêts pour la riposte
générale !

Les 7 et 8 juin s’est tenu le congrès du SNFOLC, à Angers, dans l’intervalle du congrès de la FNEC-FP-FO, réuni les 5, 6 et 9 juin. Un congrès combatif, revendicatif, et décidé à ne pas « tourner la page » de la réforme des retraites ! Un congrès traversé par la détermination de dizaines de nouveaux militants, dont nombre de nouveaux secrétaires départementaux, à construire et développer l’outil syndical dont ont besoin les personnels des lycées et collèges pour défendre leurs salaires, leurs statuts, leurs conditions de travail et gagner sur leurs revendications.
Et pour cause, ce congrès se tenait au terme d’un mandat 2019 – 2023 marqué par des mobilisations interprofessionnelles et à l’Education nationale d’une intensité inédite (contre la retraite à points, contre la réforme Blanquer du baccalauréat et ses E3C…), et dans le prolongement d’un mouvement de grèves et de mobilisations
historique contre la réforme Macron-Borne des retraites.
Mardi 6 juin, les délégués SNFOLC prenaient part, avec les centaines de congressistes de la FNEC-FP-FO à la manifestation intersyndicale organisée à Angers dans le cadre de l’appel national interprofessionnel à une 14ème journée de grève et de manifestations pour exiger l’abrogation de cette réforme injuste et brutale.
De fait, malgré les coups de force répétés de Macron et de ses ministres, malgré le fait que la grève et les manifestations massives depuis le 19 janvier n’aient pas emporté le retrait des 64 ans et des 43 annuités, malgré la promulgation de la loi, la colère et la détermination des travailleurs ne retombent pas, au point que les « 100 jours d’apaisement » sont un échec car depuis le 15 avril, ni le président ni ses ministres ne peuvent mettre un pied dehors sans se heurter à des casserolades, rassemblements et manifestations exprimant le rejet de leur réforme.
Dans ce contexte, Macron et son ministre Ndiaye, cherchant à avancer coûte que coûte dans la mise en oeuvre des exigences de l’économie de guerre (avec les 413 milliards d’euros de la loi de programmation militaire 2024 – 2030), de la réduction des dépenses publiques ordonnée par la Commission européenne (à hauteur de 13,2 milliards pour la France), et des marchés financiers, multiplient les mesures de déréglementation et de territorialisation de l’école publique : réforme du collège, plan pour la mixité sociale à l’école, acte 2 de l’école inclusive, service national universel (SNU)…
Le « pacte pour le métier enseignant », véritable fil conducteur de toutes ces mesures, a été présenté dès la promulgation de la réforme des retraites, comme la clé de la revalorisation salariale tant attendue par les personnels, un « effort (…) considérable » que l’on n’a « pas connu depuis 33 ans » selon le ministre Ndiaye.
Mais les personnels rassemblés dans les centaines de réunions organisées depuis plusieurs jours par les militants SNFOLC, parfois en intersyndicale, ne sont pas dupes. Ils comprennent que le « pacte » n’est pas une augmentation de salaire, mais un nouveau piège qui leur est tendu pour les contraindre, dans la continuité de la réforme des retraites, à prendre en charge toujours plus de tâches, toujours plus éloignées du coeur de leurs fonctions, alors qu’ils sont déjà épuisés. Le « pacte », c’est la prime contre le salaire, le contrat contre le statut, la marche forcée vers le corps unique de la maternelle au lycée ! Face à ce constat, les personnels prennent position pour le refuser et en exiger le retrait comme ils exigent l’abandon de la réforme des retraites.
Cette colère qui ne retombe pas, qui au contraire se nourrit du raslebol accumulé au fil des contre-réformes précédentes (décret Peillon-Hamon et ses « missions liées », réforme Vallaud-Belkacem du collège, réforme Blanquer du lycée et du baccalauréat…), est la marque de la situation.
Rien n’est réglé ! Dans ces conditions, le congrès a fixé la feuille de route du syndicat : définir dès maintenant le plan des réunions pour regrouper les personnels sur les revendications (abrogation de la réforme des retraites, retrait du « pacte », augmentation des salaires, rétablissement du baccalauréat national, défense des disciplines…) et préparer la riposte générale, « le blocage du pays par la grève générale organisée par les salariés dans les assemblées générales dans l’unité de leurs organisations syndicales » que « craignent Macron et son gouvernement par-dessus tout ».

François Pozzo Di Borgo

secrétaire générale

du SNFOLC