Communiqué du 31 mars 2020

Le baccalauréat sous ordonnances

Le ministre a annoncé qu’il ferait des annonces cette semaine sur les examens (DNB, E3C, Baccalauréat) avant le départ en congés des personnels de la zone C. Il n’a pas entretenu le suspense puisqu’il déclarait sur Europe 1, le 30 mars 2020, « Il y aura forcément une dose de contrôle continu » […] « Si l’on passe tout ou partie en contrôle continu, cela va permettre d’avoir un vrai mois de juin en matière de cours ».

Tout est prêt pour modifier les épreuves du bac !

« L’état d’urgence sanitaire » prévoit dans le cadre des 25 ordonnances présentées au dernier conseil des ministres des « dispositions législatives nécessaires à l’adaptation dans l’urgence des modalités d’accès aux formations de l’enseignement supérieur et de délivrance des diplômes de l’enseignement supérieur, y compris du baccalauréat ».

Autant dire qu’avec les ordonnances, le ministre a les mains libres puisque les adaptations peuvent porter, « dans le respect du principe d’égalité de traitement des candidats, sur leur nature, leur nombre, leur contenu, leur coefficient ou leurs conditions d’organisation, qui peut notamment s’effectuer de manière dématérialisée » (article 2 de l’ordonnance du 27 mars 2020).

Cynisme ou refus de la réalité ?

Comme le gouvernement se plaît à le répéter, il faut du « dialogue social ». Aussi, ce 31 mars, la Direction Générale de l’Enseignement Scolaire (DGESCO) conviait la FNEC FP-FO et le SNFOLC à une audio conférence sur les examens de fin d’année.  Le ministre tablant sur une reprise des cours le 4 mai, FO a fait remarquer que toute reprise était impossible sans un dépistage systématique de tous, dès maintenant, sauf à faire courir à toute la population, et donc aux personnels, aux lycéens, un danger grave. Pour la DGESCO, le dépistage n’a rien à voir avec la pédagogie. Circulez, il n’y a rien à voir !

La DGESCO n’avait qu’un seul objectif : trouver un accord avec FO sur la mise en place du contrôle continu. FO a refusé catégoriquement de se prêter à cette manipulation des épreuves du baccalauréat.

Un banc d’essai pour généraliser le contrôle continu

C’est ainsi que s’entendent les déclarations du ministre et le questionnement de la DGESCO. Alors que personne ne sait quand le déconfinement aura lieu, le ministère entend profiter de la situation pour faire avaliser dès maintenant et de façon inéluctable le recours au contrôle continu, soit donc une modification fondamentale de la nature du baccalauréat. Aux demandes d’annulation des épreuves d’E3C du second et troisième trimestre, aux demandes de maintien du diplôme national, premier grade universitaire, avec ses épreuves ponctuelles, terminales et anonymes, aux demandes abandon de la réforme Blanquer du lycée et du baccalauréat : aucune réponse.

Que les épreuves se déroulent en juin ou pas, l’intention du ministre est toujours de faire entrer une dose massive de contrôle continu comme le prévoit la réforme du baccalauréat. Le covid-19 lui permet de faire passer cette mesure avec l’acquiescement de certains au nom d’une situation exceptionnelle. Quel cynisme !

Les personnels, les lycéens n’oublient pas les revendications

Même dans une période extrêmement difficile pour tous, personne n’oublie les conditions de passage des épreuves d’E3C où les forces de l’ordre étaient présentes dans et devant les établissements. Personne n’oublie la volonté gouvernementale de criminaliser toute protestation et l’action syndicale en particulier. Confinement ou pas, de nouveaux collègues subissent les admonestations des recteurs. Personne n’oublie les manifestations, les rassemblements contre le baccalauréat-maison ni la poursuite des retenues de salaires, ni l’application de l’arrêt Omont.

Il n’y a pas d’appels à faire « bloc », à « l’unité nationale » qui tiennent.

Fidèle à son mandat, le syndicat FO avec sa fédération ne co-construira pas la destruction des diplômes nationaux. Il œuvre au contraire à l’unité sur les revendications, pour la défense du diplôme national, pour la défense des droits collectifs et nationaux des personnels.