Communiqué du 20 mai 2022

LES MATHÉMATIQUES DANS LE TRONC COMMUN, VRAIMENT ?

La réforme du lycée de 2019 a supprimé les mathématiques du tronc commun. Le SNFOLC a combattu cette réforme, contestée depuis le début, et demande toujours son abrogation ainsi qu’un retour à un baccalauréat avec des épreuves nationales, terminales et anonymes. Face à la pression, le gouvernement est obligé dans la précipitation de réintroduire un pseudo enseignement des mathématiques. Le projet de programme est consultable par les enseignants du 13 mai au 23 mai 2022. Mais qu’en est-il exactement ?

UNE HEURE ET DEMIE POUR SOLDE DE TOUT COMPTE ? UNE PRESSION SUPPLÉMENTAIRE REVENDIQUÉE SUR LES PROFESSEURS
Étant donné le projet de programme et la quotité horaire, cela risque encore de mettre sous pression les enseignants et les élèves en cherchant à aborder toutes les notions en si peu de temps. Cela inquiète l’APMEP (l’Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public) dans une note publiée le 16 mai 2022 : « Comment réconcilier les élèves avec les mathématiques avec les contenus proposés avec un si petit horaire ? […] L’APMEP craint la grande souffrance qu’engendrera la mise en œuvre de cette proposition pour les élèves, leurs familles et les équipes éducatives. » Il risque en outre d’y avoir des évolutions dans le programme pour la rentrée 2023 avec le risque que le projet de programme actuel soit un programme pour une seule année. Dans une interview donnée dans le JDD le 17 mai 2022, Mark Sherringham, le nouveau président du Conseil Supérieur des Programmes a déclaré : « Pour garantir des mathématiques pour tous, nous insistons beaucoup sur la différenciation. ». Mais comment faire de la différenciation dans des classes à 35, voire plus, avec des élèves ayant des niveaux tous très différents puisque les filières et les groupes classes ont été éclatés ?

SOUS QUELLE FORME APPARAÎTRA CET ENSEIGNEMENT LORS DE LA RENTRÉE 2022 ?
Pour l’année 2022, d’après Mark Sherringham « [il] y a deux possibilités : soit cela concernera tous les lycéens de première dès septembre prochain, soit cela concernera d’abord ceux qui n’ont pas choisi la spécialité mathématiques, c’est-à-dire seulement 40% des effectifs, avant d’être généralisé en 2023. » Mais pour l’instant, personne ne sait comment cela va se dérouler, ni les chefs d’établissement, les enseignants, les élèves et les familles or la rentrée prochaine est préparée dans les établissements et les élèves doivent faire des choix. Ce qui est certain, c’est que pour l’instant, les DGH n’ont pas été abondées…

QUI EFFECTUERA CETTE HEURE ET DEMIE DE MATHÉMATIQUES ?
Alors, la question essentielle que tout le monde se pose, c’est qui va les faire alors qu’à la rentrée 2022 il va y avoir une pénurie de professeurs sans équivalent et notamment en mathématiques (816 admissibles pour 1035 postes). Les services des professeurs de maths sont déjà établis avec beaucoup d’heures supplémentaires, puisqu’on peut maintenant imposer jusqu’à deux heures supplémentaires. Le prochain ministre va-t-il poursuivre la destruction des statuts en demandant aux autres professeurs, SVT, physique/chimie, etc. d’assurer ces heures puisqu’une partie transversale figure dans les programmes. Le SNFOLC condamne le chantage qui va s’exercer sur les professeurs, certains pouvant accepter afin que leur service ne soit pas partagé entre deux établissements. Le vivier possible dont parle le ministère, c’est l’appel aux contractuels, comme à Versailles pour 1 300 embauches en job dating pour la rentrée 2022, imitant ainsi l’académie de Toulouse, ou encore le recours au CNED pour compléter l’enseignement en présentiel, ou mieux encore l’enseignement numérique prôné par le recteur de Nancy-Metz. Le baccalauréat Blanquer avec la réforme du lycée étaient et sont des objectifs d’E. Macron. Il n’aura jamais été appliqué dans sa version originale suite à la mobilisation des personnels. La grève majoritaire du 13 janvier a imposé au ministre de repousser les épreuves de spécialité de mars au mois de mai et face à l’indignation de tous, à un rétropédalage pour les mathématiques. Mais au-delà de ces annonces de pure forme, la vraie demande, c’est le retour à un enseignement disciplinaire et pas un gloubi-boulga.

LE SNFOLC REVENDIQUE :
– l’abrogation de la réforme du lycée, du bac et de Parcoursup,
– le retour à un bac avec ses épreuves terminales, nationales et anonymes en juin,
– le rétablissement d’un enseignement disciplinaire,
– l’arrêt toutes les pressions quant au maintien du poste,
– l’annulation de toutes les fermetures de classes, de postes,
– la création de tous les postes statutaires nécessaires pour diminuer les effectifs par classe.